un traîneux la tête et le cœur dans les étoiles…
Il vient de nous quitter.
Dans nos oreilles, sa voix chaude et la musicalité de son phrasé.
Dans la rétine, son regard enflammé, ses mains de poète – toujours mobiles, en avant, ses mains de travailleur de la terre, d’ouvrier du verbe, ses mains, souples et sensibles, celles de La Meule !
Dans la pensée, sa geste toute de générosité, lui qui nous a donné Tristan Corbière, Gaston Couté et tant d’instants d’émotions d’Homme, de partages, de complicité avec l’infini des mots.
… L’oeil accroché à ses mèches Corbeau, nous avons suivi les chemins où il nous emmenait tendrement, lucidement, avec colère et rébellion, Bernard, l’insurgé des mots, le héros de la poétique des « traîneux »…
Poète et Homme, tu nous manques déjà.
Même si çà fait des années que nous ne nous étions pas rencontrés, te savoir quelque part, finalement pas très loin, était bon !
Je t’imagines assis au bord du chemin, sur un tas de pierres à concasser, avec d’autres gueules cassées par la vie. Sans doute lis-tu un poème de chair et de feu pour les poètes des mondes d’hier et d’aujourd’hui. Ils sont tous là, venus t’écouter, t’accueillir.
Akel Akian est parmi eux, un sourire complice au coin de la narine… peut-être va-t-il attraper un de ces fous rires légendaires en pensant à ce « Rêve de l’Oie » pour lequel tu as accompagné le Théâtre de la Mer aux pieds des cités de Marseille, pauvre poète en but au béton des grands ensembles et au vacarme des deux roues.
Au fond des fonds, qu’importe la carcasse, ce qu’il nous reste, ce sont les sensations de ta poétique…
Merci à toi d’avoir été toi !
Que tes proches, et plus particulièrement Adrien que j’ai connu, sachent que je partage leur peine et cette triste sensation d’avoir un nouveau trou dans nos poches.
Frédérique Fuzibet