Corps imaginaires

La prison restreint le monde  à des petits espaces…

29 novembre 2019 à 19h

Spectacle programmé dans le cadre des 26ème Journées Nationales des Prisons

Lecture / à partir de 14 ans (55 mn)

Texte et jeu : Brigitte BRAMI – Photo de couverture : Laure CHAMINAS

L’écriture de Brigitte Brami est singulière parce que limpide et exigeante, née d’une pensée complexe, travaillée et riche en fulgurances. Elle fait écho a celle des poètes incarcérés dans la longue tradition qui va de François Villon à Jean Genet, en passant par Verlaine et Albertine Sarrazin. L’histoire de Thérèse et de Sana sont vraies, l’auteure en a fait plus que l’expérience, elle en a fait l’anamnèse, c’est-à-dire la levée de l’oubli.

J’ai tenu à tricoter avec mes souvenirs marseillais. Les deux textes qui suivent, laissés intacts et dans leur intégralité, ont été écrits alors que j’étais emprisonnée. Ils décrivent deux détenues que jai connues à la même période lors de mon incarcération en 2013-2014 à Fleury-Mérogis, dans le 91.

Thérèse a vécu son corps comme entièrement aliéné à la cour de promenade, à sa cellule, au petit espace des parloirs, aux contingences. Elle en est morte. Tandis que Sana a déréalisé et réinventé son corps, elle a ainsi agrandi la cour de promenade, sa cellule, le petit espace des parloirs, et les contingences, elle a survécu. Tout corps est imaginaire, quand il est enfermé, quand il jouit, quand il meurt. Et surtout quand il se regarde dans le miroir.

J’ai dû quitter la ville sans corps – Paris – et rejoindre la ville organique – Marseille – pour enfin accepter que mes écrits, Thérèse est décédée et Sana ou le Corps incarcéré deux fois, soient incarnés par deux lectrices dans le cadre d’Une semaine, un auteur, consacrée à mon travail et organisée par Peuple et culture Marseille sur la langue des minoré(e)s.


Brigitte Brami